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Nous proposons ici un résumé des arguments invoqués par les partisans et les détracteurs de la réforme de l'évaluation sur la période couverte par nos investigations soit 2014-2018. Bien que la plupart des acteurs se positionnent clairement vis-à-vis de notre problématique nous nous refusons une représentation polarisée pour/contre des arguments de chacun. Notre volonté étant non seulement d'en faire un état des lieux mais également de comprendre quelles sont les intérêts qu'ils servent à défendre nous privilégions une classification par champ. Nous identifions des arguments servant des intérêts tout d'abord politiques puis pragmatiques et enfin organisationnels

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Nous pensons qu'une attention toute particulière mérite d'être portée à l'égard d'un argument dont l'ambivalence est flagrante et qui laisse perplexe quant au consensus auquel les acteurs aspirent vis-à-vis de l'Ecole idéale. Afin de lui donner la visibilité que nous pensons lui devoir cet argument fera l'objet d'un traitement à part.
 

Arguments politiques

  • Pour certains proviseurs la disparition de la note chiffrée au profit d'autres systèmes offrirait l'opportunité de faire changer aux yeux de tous la représentation de l'erreur.
     

  • Pour d'autres acteurs tel que Luc Ferry ces autres méthodes d'évaluation relèvent d'une "stratégie de l'autruche". Elles ne seraient que des moyens de déguiser les notes.
     

  • D'autres détracteurs de cette réforme prétendent qu'il s'agit d'un moyen de cacher les insuffisances des élèves et d'ôter tout moyen de les comparer, de séparer le bon grain de l'ivraie
     

  • Enfin des valeurs fortement ancrées dans nos sociétés se trouveraient menacées par ces changements tel que le soucis de la performance.

Arguments pragmatiques

Arguments organisationnels

  • Pour nombre de professeurs et proviseurs les systèmes de notes sans chiffres créent des environnements propices à la création de projets interdisciplinaires et interclasses.
     

  • Ils engendreraient une réduction significative des sanctions et punitions.
     

  • Toujours selon ces mêmes acteurs ces systèmes offrent une liberté pédagogique plus importantes au personnel enseignant.
     

  • Pour F.Fillon entre autre, l'évaluation par compétence est "une usine à gaz dont les professeurs ne se sont pas emparé". Celle-ci viendrait se superposer à la note chiffrée.

Question de l’homogénéité

Lors de nos recherches ​un argument tout à fait particulier a fait son apparition. Pierre Favre, président du syndicat national des écoles en 2013 et un principal de collège ont tous deux un avis concernant notre controverse et ceux-ci usent de manières radicalement opposées la notion d’homogénéité pour défendre respectivement la notation chiffrée ou l'évaluation sans chiffres. Pour le premier les nouveaux systèmes d'évaluation sont néfastes parce qu'ils nuisent à la création de groupes homogène. Dans le cas du second la fin des notes chiffrée est souhaitable car elle permettrait la création de groupes hétérogènes. Nous voyons ici s'affronter deux représentations radicalement différentes de l'école idéale. Bien que cette dichotomie ne réduise absolument pas l'importance de la controverse étudiée elle permet d'en expliquer du moins en partie son origine. Chacun des acteurs transmettent les valeurs explicites et implicites dans lesquelles ils se retrouvent et qui ne correspondent pas aux mêmes paradigmes, lutter pour une école ayant "fait le deuil des certitudes didactiques" (Ph Perrenoud 1997) c'est inviter à penser les différences et donc l'hétérogénéité des élèves positivement et refuser tout déterminisme dans l'enseignement. Hors ces valeurs ne font sens que pour ceux qui y hardèrent.

  • L'opacité des notes chiffrée engendrerait de grandes difficultés d'autoévaluation.
     

  • Les évaluations chiffrées sont assurément sujets aux biais sociaux d'évaluation (Luliana Lunca Popa 2016).
     

  • Selon l'OCDE le redoublement est liée à notre façon d'évaluer. La note chiffrée l’inhiberait les élèves.
     

  • La notation chiffrée véhiculerait particulièrement  le phénomène de prophétie auto réalisatrice enfermant certains élèves dans des rôles discriminants.
     

  • L'évaluation par compétences invite tous les acteurs de l'éducation à remettre en questions les attentes de l'enseignement, leurs pratiques et le sens à donner à l'évaluation.

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